III) A) 1)
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III) A) 1)
Les causes de condamnation par l’Inquisition sont assez peu variées, l’essentiel concernant les hérésies. Les trois principales, tant en terme de condamnés que d’influence religieuse, sont le Catharisme, le Valdéisme et le Béguinisme. Mais l’hérésie dite des pseudo-apôtres, le Talmud juif et le Franciscain Bernard Délicieux sont des exemples caractéristiques de condamnations étrangères à ces trois principales hérésies.
II Les condamnés
Au cour de ses quinze années de pratique de son office d’inquisiteur, Bernard Gui aura eu à lutter contre plusieurs hérésies. Les trois plus importantes, tant en nombre de condamnés qu’en terme d’influence religieuse dans le Languedoc, sont les hérésies Cathare, Vaudoise et Béguine. Nous nous efforcerons ici d’analyser comment Bernard Gui les a combattues.
A) Les principales hérésies
Le nom le plus cité dans le Livre des sentences est sans conteste celui du Parfait Cathare Pierre Autier. Ancien notaire d’Ax, il partit en Lombardie pour y devenir Parfait et échapper à l’Inquisition. Il revint dans le Languedoc à la Noël de l’an 1299. Pendant dix années, il s’efforça de faire revivre le clergé Cathare du Languedoc. Mais il fut arrêté dans une ferme de Lomagne et exécuté sur le parvis de la cathédrale Saint Etienne de Toulouse le 9 avril 1310, juste après le sermon inquisitorial où il était seul condamné 178.
1) Le Catharisme
Dans le Livre des sentences, quarante-deux Parfaits Cathares sont cités et condamnés. Tous ont été convertis et ont reçus le consolamentum par Pierre Autier, un des Parfaits qu’il a lui-même convertis et à qui il a administré ce sacrement, ou en Lombardie. L’importance de chacun au sein du clergé Cathare est témoignée par l'occurrence de son nom dans le Livre des Vertus. Deux groupes se détachent nettement: ceux qui sont cités au moins dix fois et ceux qui sont cités moins de dix fois. Pour des raisons de lisibilité, un graphique différent est fait pour chacune de ces deux catégories.
Cette première catégorie regroupe les douze Parfaits les plus cités dans le Livre des sentences. La seconde en regroupe donc les trente les moins cités. Nous pouvons observer un grand décalage entre elles car le nom le moins cité dans la première catégorie est celui de Raimond Sans, avec seize occurrences, et les noms les plus cités de la seconde ont six occurrences.
II Les condamnés
Au cour de ses quinze années de pratique de son office d’inquisiteur, Bernard Gui aura eu à lutter contre plusieurs hérésies. Les trois plus importantes, tant en nombre de condamnés qu’en terme d’influence religieuse dans le Languedoc, sont les hérésies Cathare, Vaudoise et Béguine. Nous nous efforcerons ici d’analyser comment Bernard Gui les a combattues.
A) Les principales hérésies
Le nom le plus cité dans le Livre des sentences est sans conteste celui du Parfait Cathare Pierre Autier. Ancien notaire d’Ax, il partit en Lombardie pour y devenir Parfait et échapper à l’Inquisition. Il revint dans le Languedoc à la Noël de l’an 1299. Pendant dix années, il s’efforça de faire revivre le clergé Cathare du Languedoc. Mais il fut arrêté dans une ferme de Lomagne et exécuté sur le parvis de la cathédrale Saint Etienne de Toulouse le 9 avril 1310, juste après le sermon inquisitorial où il était seul condamné 178.
1) Le Catharisme
Dans le Livre des sentences, quarante-deux Parfaits Cathares sont cités et condamnés. Tous ont été convertis et ont reçus le consolamentum par Pierre Autier, un des Parfaits qu’il a lui-même convertis et à qui il a administré ce sacrement, ou en Lombardie. L’importance de chacun au sein du clergé Cathare est témoignée par l'occurrence de son nom dans le Livre des Vertus. Deux groupes se détachent nettement: ceux qui sont cités au moins dix fois et ceux qui sont cités moins de dix fois. Pour des raisons de lisibilité, un graphique différent est fait pour chacune de ces deux catégories.
Illustration n° 14: “Occurrences des noms de Parfaits Cathares cités au moins dix fois.”
Cette première catégorie regroupe les douze Parfaits les plus cités dans le Livre des sentences. La seconde en regroupe donc les trente les moins cités. Nous pouvons observer un grand décalage entre elles car le nom le moins cité dans la première catégorie est celui de Raimond Sans, avec seize occurrences, et les noms les plus cités de la seconde ont six occurrences.
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Re: III) A) 1)
Ce tableau et celui ci-après mettent en valeur à la fois les qualités et les défauts de l’activité de ce clergé Cathare. Tout d’abord, le premier tableau montre un petit groupe extrêmement actif. Sur l’ensemble des deux tableaux, nous comptabilisons 1094 occurrences de noms de Parfaits Cathares. Les 12 Parfaits du premier tableau en représentent 1033, soient 94,42% du total. La famille Autier, composée de Pierre, Jacques (son fils) et Guillaume (frère de Pierre et donc oncle de Jacques), totalise 486 occurrences, soient 44,42% du total. A lui seul, Pierre Autier totalise 233 occurrence, soient 21,3% du total. A l’inverse, le second tableau, qui comprend 30 Parfaits, totalise 61 occurrences, ce qui représente 5,58% du total. Ainsi, 20 Parfaits, soient 47,62% du nombre de Parfaits cités dans le Livre des sentences, n’ont qu’une seule citation de leur nom, qui est celle de leur condamnation par l’Inquisition. A eux 20, ils ne représentent que 1,83% du total d’occurrences. Nous avons donc d’une part un groupe très actif dans le prêche et la conversion, mais très restreint puisqu’il se limite à douze Parfaits. Et d’autre part, nous avons une majorité de Parfaits, soient trente personnes, qui ne s’investissent pas ou peu dans l’activité prédicatrice.
Comment expliquer cela? Parmi les trente Parfaits qui n’ont pas plus de six occurrences de leur nom, seuls deux sont partis en Lombardie ou en Sicile: Ponce de Na Rice (4 occurrences) et Bernard de Goch (6 occurrences). Mais, sur les douze qui ont au moins seize occurrences de leur nom, 9 y ont séjourné plus ou moins longtemps: Pierre Autier, Guillaume Autier, Jacques Autier, Philippe de Coustaussa, Jacquette, Pierre Raimond, Amiel de Perles, Bernard Audouy et Pierre Sans. Seuls Raimond Sans, André de Prades et Sanche Mercadier n’y sont pas allés. Ou du moins, Bernard Gui n’a pas trouvé de témoignage d’un quelconque voyage de ces trois Parfaits en Lombardie ou en Sicile. Ainsi, la Lombardie et la Sicile, où l’activité inquisitoriale semble moins poussée que dans le Languedoc, voit les Parfaits Cathares Languedociens les plus motivés (ou les plus riches car le trajet et le séjour nécessitaient des finances importantes) partir pour y trouver une formation dogmatique et théologique.
Cependant, le Livre des sentences présente 16 fidèles, appelés “Imparfaits”, ayant fait ce voyage. Deux d’entre eux y sont allés pour y transmettre des lettres et des informations: Raimond Monet et Guillaume Falquet. Ils n’ont tous deux accompli pas moins de quatre voyages, alors que tous les autres n’en ont accompli qu’un. Raimond Monet 179 y est allé une fois pour déposer de l’argent et trois fois pour transmettre des lettres. Guillaume Falquet, quant à lui, en a accompli deux à Coni, en Lombardie, l’un pour apprendre le dogme Cathare et l’autre pour transmettre des informations, et deux successivement en Lombardie et en Sicile, l’un pour transmettre à nouveau des lettres et l’autre pour accompagner les Parfaits Ponce Bayle et Ponce de Na Rica.
Dans deux cas, on peut observer des familles réunies lors d’un même voyage. Ainsi, Pierre Autier fut une fois accompagné de sa fille Matheude et de son gendre Pierre Eugène 181. De même, Serdane Faure 182, alias Esclarmonde, se rendit à Coni, en Lombardie, avec son père Guillaume Faure, son oncle Bertrand Engilbaud et sa tante Serdane Faure. Elle y resta alors que sa famille partit ensuite en Sicile. Nous avons donc dans le Livre des sentences trente Parfaits peu ou pas actifs ou dont l’activité n’a pas été décrite par Bernard Gui. Par contre, douze Parfaits sont très actifs, comme le montre le nombre de citations. Si celles-ci témoignent de l’activité de ces personnes, c’est que seules celles qui apparaissent dans les descriptions des faits des condamnés ont été prises en compte:
Illustration n° 15: “Occurrences des noms de Parfaits Cathares cités moins de dix fois.”
Comment expliquer cela? Parmi les trente Parfaits qui n’ont pas plus de six occurrences de leur nom, seuls deux sont partis en Lombardie ou en Sicile: Ponce de Na Rice (4 occurrences) et Bernard de Goch (6 occurrences). Mais, sur les douze qui ont au moins seize occurrences de leur nom, 9 y ont séjourné plus ou moins longtemps: Pierre Autier, Guillaume Autier, Jacques Autier, Philippe de Coustaussa, Jacquette, Pierre Raimond, Amiel de Perles, Bernard Audouy et Pierre Sans. Seuls Raimond Sans, André de Prades et Sanche Mercadier n’y sont pas allés. Ou du moins, Bernard Gui n’a pas trouvé de témoignage d’un quelconque voyage de ces trois Parfaits en Lombardie ou en Sicile. Ainsi, la Lombardie et la Sicile, où l’activité inquisitoriale semble moins poussée que dans le Languedoc, voit les Parfaits Cathares Languedociens les plus motivés (ou les plus riches car le trajet et le séjour nécessitaient des finances importantes) partir pour y trouver une formation dogmatique et théologique.
Cependant, le Livre des sentences présente 16 fidèles, appelés “Imparfaits”, ayant fait ce voyage. Deux d’entre eux y sont allés pour y transmettre des lettres et des informations: Raimond Monet et Guillaume Falquet. Ils n’ont tous deux accompli pas moins de quatre voyages, alors que tous les autres n’en ont accompli qu’un. Raimond Monet 179 y est allé une fois pour déposer de l’argent et trois fois pour transmettre des lettres. Guillaume Falquet, quant à lui, en a accompli deux à Coni, en Lombardie, l’un pour apprendre le dogme Cathare et l’autre pour transmettre des informations, et deux successivement en Lombardie et en Sicile, l’un pour transmettre à nouveau des lettres et l’autre pour accompagner les Parfaits Ponce Bayle et Ponce de Na Rica.
“De même, avec quelques autres personnes, il se rendit en Lombardie, à Coni, pour chercher des hérétiques; il les rencontra, les vit et écouta leur prédication; de là, il rapporta des lettres pour d’autres hérétiques de ce pays et leurs salutations. De même une autre fois, il revint en Lombardie, à Coni, auprès des hérétiques et leur apporta les salutations et les échos d’autres hérétiques et de leurs croyants. (Item cum quibusdam aliis personis ivit in Lombardiam apud Conium ad querendum hereticos et invenit et vidit et audivit predicationem eorum et inde reportavit litteram pro aliis héreticis istius patrie et salutationes hereticorum. Item secunda vice rediit in Lombardiam apud Conium ad hereticos et portavit eis salutationes et rumores aliorum hereticorum et credencium ipsorum)” 180
Dans deux cas, on peut observer des familles réunies lors d’un même voyage. Ainsi, Pierre Autier fut une fois accompagné de sa fille Matheude et de son gendre Pierre Eugène 181. De même, Serdane Faure 182, alias Esclarmonde, se rendit à Coni, en Lombardie, avec son père Guillaume Faure, son oncle Bertrand Engilbaud et sa tante Serdane Faure. Elle y resta alors que sa famille partit ensuite en Sicile. Nous avons donc dans le Livre des sentences trente Parfaits peu ou pas actifs ou dont l’activité n’a pas été décrite par Bernard Gui. Par contre, douze Parfaits sont très actifs, comme le montre le nombre de citations. Si celles-ci témoignent de l’activité de ces personnes, c’est que seules celles qui apparaissent dans les descriptions des faits des condamnés ont été prises en compte:
“Les hérétiques qu’il vit aussi sont au nombre de sept, à savoir Pierre Autier, Guillaume Autier, Jacques Autier, Pierre Raimond, de Saint-Papoul, Bernard Audouy, Amiel de Perles, André de Prades, non pas tous ensemble, mais tantôt les uns tantôt les autres (Heretici autem quos vidit sunt isti numero septem, scilicet Petrus Auterii, Guillelmus Auterii, Jacobus Auterii, Petrus Ramundi de Sancto Papulo, Bernardus Audoyni, Amelius de Perlis, Andreas de Pradis, non simul set nunc istos, nunc illos)” 183
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Re: III) A) 1)
Cette activité est tout d’abord due à une très grande mobilité. Les douze Parfaits les plus actifs sont aussi ceux qui se déplacent le plus. Ils vont de ville en ville et ne s’installent jamais. Cela peut s’expliquer par la nécessité de fuir l’Inquisition et les pouvoirs temporels. En étant constamment en déplacement, ces Parfaits évitent qu’une éventuelle délation informe les autorités de leur présence et vienne les arrêter. Mais cela s’explique aussi, et surtout, par le besoin de couvrir une large zone géographique avec un nombre très restreint de clercs. En effet, ces douze Parfaits avaient tout le Languedoc à couvrir et il était nécessaire qu’ils soient disponibles rapidement. La convenensa suppose que le sacrement du consolamentum soit administré pendant les derniers instants de vie du fidèle. Sachant que 499 Cathares ont été condamnés par Bernard Gui, et si on y retire les 42 Parfaits, les 12 Parfaits devaient assurer l’administration de ce sacrement à 457 personnes, soit 1 Parfait pour 38 fidèles.
Afin de permettre cette grande mobilité, il fallait pour ces Parfaits trouver où qu’ils aillent un lieu où se loger et se nourrir. C’est ainsi que les fidèles Cathares étaient mis à contribution. Les Parfaits logeaient chez eux, pour des périodes plus ou moins longues. Celles-ci pouvaient durer d’une simple nuit jusqu’à huit mois. Les conditions de logement étaient aussi fort variables, puisqu’ils pouvaient tout aussi bien être logés dans une cave ou dans une chambre. Dans tous les cas, le fidèle assurait également les repas de son invité. Il le soignait lorsqu’il était malade et lui lavait ses vêtements.
Les maisons de leurs fidèles leur servaient également de lieu de réunion de fidèles et de culte. C’est dans les maisons mêmes où ils étaient hébergés qu’il officiaient leurs cérémonies et administraient les sacrements. Ainsi, c’est dans la grange d’une ferme de Lomagne que Pierre Autier fut arrêté.
Les fidèles étaient donc non seulement hôtes de leurs Parfaits, mais aussi des autres fidèles. Ils étaient de plus chargés de recruter de nouveaux fidèles au sein de leur entourage. On peut se demander si de telles responsabilités étaient bien acceptées par les hôtes, mais rien, dans le Livre des sentences, ne laisse supposer que ce ne soit pas le cas. Ce fonctionnement se basait vraisemblablement sur le volontariat des hôtes, qui en acceptait donc préalablement les contraintes lorsqu’ils acceptaient de rendre de tels services. En échange, cela leur permettait d’avoir à disposition un Parfait pour officier les cérémonies.
“De même il vit là un autre hérétique dont il n’a pas su le nom. De même, il accepta que Guillemette, sa mère, soit hérétiquée et il l’y incita: il alla chercher un hérétique à Lugan et, de là, ramena l’hérétique Amiel pour hérétiquer ladite Guillemette, sa mère. Il hébergea là ledit hérétique, une nuit, et assista en personne à l’hérétication. (Item ibidem vidit quendam alium hereticum cujus nomen nescivit. Item consenciit quod Guillelma, mater sua, hereticaretur et induxit eam ad hoc et ivit ad querendum hereticum apud Lugannum et inde adduxit secum Amelium hereticum pro dicta guillelma, matre sua, hereticanda et tenuit ibi dictum hereticum una nocte et interfuit presens in héreticatione.)” 184
Afin de permettre cette grande mobilité, il fallait pour ces Parfaits trouver où qu’ils aillent un lieu où se loger et se nourrir. C’est ainsi que les fidèles Cathares étaient mis à contribution. Les Parfaits logeaient chez eux, pour des périodes plus ou moins longues. Celles-ci pouvaient durer d’une simple nuit jusqu’à huit mois. Les conditions de logement étaient aussi fort variables, puisqu’ils pouvaient tout aussi bien être logés dans une cave ou dans une chambre. Dans tous les cas, le fidèle assurait également les repas de son invité. Il le soignait lorsqu’il était malade et lui lavait ses vêtements.
“Ledit hérétique demeura caché chez elle trois ou quatre mois, mangeant, buvant leurs vivres et y couchant. Ladite Peirone lui rendit service fréquemment, lui procurant du pain, du vin et d’autres nécessités et lavant ses guenilles. Elle sut que d’autres personnes, qu’elle nomme, ont secondé cet hérétique et que quelques personnes lui rendirent visite là. (et stetit dictus hereticus absconditus in dicta domo sua per tres vel quatuor menses comedendo et bibendo de bonis domus et jacendo ibidem et dicta Petrona frequenter servivit ei, ministrando ei panem et vinum et alia neccessaria et lavando pannos ejus et scivit quod alie persone quas nominat servierunt dicto heretico et alique persone visitaverunt eum ibi.)” 185
Les maisons de leurs fidèles leur servaient également de lieu de réunion de fidèles et de culte. C’est dans les maisons mêmes où ils étaient hébergés qu’il officiaient leurs cérémonies et administraient les sacrements. Ainsi, c’est dans la grange d’une ferme de Lomagne que Pierre Autier fut arrêté.
“De même chez Peirone Sicard, du Born, elle vit deux autres hérétiques, à savoir Guillaume Autier et Amiel. De même une autre fois, chez Jean Mercadier, du Born, dans un grenier, avec quelques autres personnes qu’elle nomme. (Item in domo Petrone Sicarde de Borno alios duos hereticos, scilicet Guillelmum Auterii et Amielum. Item alia vice in domo Johannis Mercaderii de Borno in quodam solario cum quibusdam aliis personis quas nominat.)” 186
Les fidèles étaient donc non seulement hôtes de leurs Parfaits, mais aussi des autres fidèles. Ils étaient de plus chargés de recruter de nouveaux fidèles au sein de leur entourage. On peut se demander si de telles responsabilités étaient bien acceptées par les hôtes, mais rien, dans le Livre des sentences, ne laisse supposer que ce ne soit pas le cas. Ce fonctionnement se basait vraisemblablement sur le volontariat des hôtes, qui en acceptait donc préalablement les contraintes lorsqu’ils acceptaient de rendre de tels services. En échange, cela leur permettait d’avoir à disposition un Parfait pour officier les cérémonies.
“Plusieurs fois elle leur rendit visite, non pas ensemble, mais parfois à l’un, parfois à un autre, à diverses époques et divers jours, tantôt de nuit et dans des demeures différentes. (et visitavit eos pluries, non tamen simul, set aliquando istum, aliquando illum in diversis temporibus et diebus et aliquando de nocte et in diversis hospiciis.)“ 187
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Re: III) A) 1)
Il est d’ailleurs ici nécessaire de traiter d’un sujet polémique: l’endura. Les Cathares n’ont qu’un seul et unique sacrement: le consolamentum. Celui-ci est selon eux indispensable pour atteindre le Paradis. Celui ou celle qui ne se serait pas fait administrer ce sacrement de son vivant se verrait condamné à vivre une nouvelle vie terrestre, puis une autre, et ce jusqu’à ce que, pendant une vie, ce sacrement lui ait été administré. Mais ce sacrement suppose une vie d’ascétisme très rude, et la plupart des Cathares préfèrent se le voir administrer lorsqu’ils sont à l’agonie. Ils se mettent donc d’accord avec un Parfait (Bernard Gui parle de pacte) pour que celui-ci vienne à son chevet, lors de ces derniers instant, pour lui administrer le consolamentum peu avant qu’il ne meure. Ce “contrat” se nomme la convenensa. Cependant, la mort se fait parfois beaucoup attendre. Parfois même, le mourant finit par se remettre de son mauvais état et par survivre. Le problème des Cathares est donc de savoir quoi faire dans ces deux cas. Le Livre des sentences contient dix témoignages d’endura. Cette pratique consisterait à se laisser mourir une fois le sacrement du consolamentum administré. Cela peut se faire de plusieurs manières. Soit le mourant ne mange et ne boit plus ou presque plus, soit il se suicide (notamment en se saignant et en se mettant dans l’eau afin d’empêcher la plaie de se refermer et de faciliter l’écoulement du sang).
Mais la réalité de cette pratique est dénoncée par de nombreux historiens, qui y voient là une invention inquisitoriale destinée à donner une image négative des pratiques Cathares. Je ne me permettrais pas de remettre en cause l’analyse de nombreux historiens, mais je reste cependant perplexe. Peut-être n’ai-je pas pris assez de distance avec le texte mais plusieurs éléments m’amènent à supposer que cette pratique a réellement existé. Tout d’abord, 10 Cathares sur 457 condamnés par Bernard Gui avaient été accusés de pratiquer l’endura. Si jamais c’est une invention destinée à donner une mauvaise image du Catharisme, pourquoi si peu de personnes sont-elles accusées de l’avoir pratiquée? En effet, Bernard Gui ayant officié en tant qu’inquisiteur pendant 15 ans (1308-1323), nous pouvons donc déduire une moyenne d’une endura tous les 18 mois. Cela ne me semble pas un bon moyen de frapper les esprits. De plus, le problème de la durée de l’agonie pour la convenensa ne peut être nié, puisqu’il est très difficile de prévoir l’heure de la mort d’une personne même lorsqu’elle agonise. Enfin, les descriptions d’endura sont très variées dans le Livre des sentences. Les durées sont très variables et tous ne succombent pas à leur endura. Cela ressemble très peu à une invention. Mais je reconnais que ces éléments ne sont pas des preuves et mon argumentation n’est que de l’ordre de la supposition.
La période de prêche de Pierre Autier prend fin très tôt. En effet, il est condamné lors du sermon du 9 avril 1310 189, soit onze ans après son retour dans le Languedoc. Ayant refusé d’abjurer sa foi, il est condamné à être abandonné à la cour séculière. Son exécution a lieu l’après-midi même de ce sermon. Mais Bernard Gui continue à condamner nombre de ses convertis jusqu’en 1323. Et le Catharisme n’est pas la seule hérésie qu’il eu à combattre: il avait aussi, entre autres, le Valdéisme.
178 Bernard Gui, Liber sententiarum..., op. cit., pp. 538-545.
179 Ibid., pp. 232-233.
180 Ibid., pp. 228-229.
181 Ibid., pp. 1002-1003.
182 Ibid., pp. 480-481 et 614-615.
183 Ibid., pp. 238-239.
184 Ibid., pp. 896-897.
185 Ibid., pp. 904-905.
186 Ibid., pp. 908-909.
187 Ibid., pp. 910-911.
188 Ibid., pp. 292-293.
189 Ibid., pp. 538-545.
“De même chez lui, il vit Montolive, femme de Martin Francès, de Limoux, au sujet de sa belle-soeur - qui vivait dans cette maison - lui dit qu’elle était restée six semaines durant en endura, sans manger ni boire que de l’eau. (Item in eadem domo sua vidit montolivam, uxorem Martini Francisci de Limoso, de qua dixit sibi sororia sua que ibi morabatur, quode per sex septimanas steterat in endura et nichil comederat, nec biberat nisi aquam.)” 188
Mais la réalité de cette pratique est dénoncée par de nombreux historiens, qui y voient là une invention inquisitoriale destinée à donner une image négative des pratiques Cathares. Je ne me permettrais pas de remettre en cause l’analyse de nombreux historiens, mais je reste cependant perplexe. Peut-être n’ai-je pas pris assez de distance avec le texte mais plusieurs éléments m’amènent à supposer que cette pratique a réellement existé. Tout d’abord, 10 Cathares sur 457 condamnés par Bernard Gui avaient été accusés de pratiquer l’endura. Si jamais c’est une invention destinée à donner une mauvaise image du Catharisme, pourquoi si peu de personnes sont-elles accusées de l’avoir pratiquée? En effet, Bernard Gui ayant officié en tant qu’inquisiteur pendant 15 ans (1308-1323), nous pouvons donc déduire une moyenne d’une endura tous les 18 mois. Cela ne me semble pas un bon moyen de frapper les esprits. De plus, le problème de la durée de l’agonie pour la convenensa ne peut être nié, puisqu’il est très difficile de prévoir l’heure de la mort d’une personne même lorsqu’elle agonise. Enfin, les descriptions d’endura sont très variées dans le Livre des sentences. Les durées sont très variables et tous ne succombent pas à leur endura. Cela ressemble très peu à une invention. Mais je reconnais que ces éléments ne sont pas des preuves et mon argumentation n’est que de l’ordre de la supposition.
La période de prêche de Pierre Autier prend fin très tôt. En effet, il est condamné lors du sermon du 9 avril 1310 189, soit onze ans après son retour dans le Languedoc. Ayant refusé d’abjurer sa foi, il est condamné à être abandonné à la cour séculière. Son exécution a lieu l’après-midi même de ce sermon. Mais Bernard Gui continue à condamner nombre de ses convertis jusqu’en 1323. Et le Catharisme n’est pas la seule hérésie qu’il eu à combattre: il avait aussi, entre autres, le Valdéisme.
178 Bernard Gui, Liber sententiarum..., op. cit., pp. 538-545.
179 Ibid., pp. 232-233.
180 Ibid., pp. 228-229.
181 Ibid., pp. 1002-1003.
182 Ibid., pp. 480-481 et 614-615.
183 Ibid., pp. 238-239.
184 Ibid., pp. 896-897.
185 Ibid., pp. 904-905.
186 Ibid., pp. 908-909.
187 Ibid., pp. 910-911.
188 Ibid., pp. 292-293.
189 Ibid., pp. 538-545.
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