Textes fondamentaux

1. Les Trois Principes

Moi, que l’on nomme l’ermite, vous rend compte ici du fruit de toute une vie de labeur à découvrir la véritable nature de l’homme et de son univers, cachée à nos yeux par les mensonges du clergé de Rome et des autres religions. Que tous dorénavant sachent ce que sont l’Hybris, la Moïra et la Némésis.

L’univers serait-il le même si l’homme n’existait pas? Ressemblerait-il à ce que nous connaissons si nous ne l’habitions pas? Pensez à tous ces arbres que nous avons abattus, à ces villes que nous avons fondées, à ces bâtiments que nous avons construits, à ces montagnes que nous avons aplanies en les creusant pour se procurer les minéraux qui les composent. Sans conteste, l’univers serait bien différent sans la présence de l’homme, car nous sommes ce qui lui donne sa forme. L'homme est l'architecte de l'univers. Nous le voyons d’une certaine façon. Nous le concevons avec un soleil, une lune, des étoiles, un ciel, des mers, des fleuves, des montagnes, des forêts, des villes et bien d’autres éléments. Mais si ceux-ci existent, c’est uniquement parce que nous le pensons ainsi. Si nous estimions que les nuages chantaient, ce serait effectivement le cas. Il ne s’agit pas d’une simple vue de l’esprit, d'une métaphore, mais d’une réalité tangible, réelle: l’univers est tel que nous le concevons.

Et ce pouvoir est appelé l’Hybris: c'est le principe selon lequel la conviction humaine modèle l'univers. Dans ce cas, comment se fait-il que nous ne sommes pas capables de changer à notre guise ce qui nous déplaît? Nous pourrions ainsi, par exemple, nous doter d’ailes et voler. Mais il s’agit là de volonté et non de conviction. Il ne suffit pas de vouloir voler pour y arriver: il faut être persuadé que nous pouvons effectivement le faire. Si nous voulons quelque chose, c’est que nous ne l’avons pas. Nous ne pourrions voler que si nous étions déjà convaincus que nous volons. L'univers n'est donc pas tel que nous voulons qu'il soit mais tel que nous pensons qu'il est.

Depuis notre enfance, nous apprenons à connaître le monde en fonction de ce que nous découvrons. Si nous savons que les arbres existent, c’est parce nous en avons déjà vus. Et, en vertu de l’Hybris, le fait de savoir qu’ils existent contribue à maintenir leur existence. C’est ce que nous appelons la Moïra: le principe selon lequel la stabilité de l’univers est due au fait que l'homme reproduit ce qu'il connait. Nous croyons en l'existence des arbres parce que nous avons appris à croire en eux, ils existent encore parce que nous continuons à croire en eux, et nos enfants croiront à leur tour aux arbres car ils apprendront à leur tour à croire en eux.

Et il en est de même de tout ce que nous ne pouvons pas voir, toucher ou sentir, mais en quoi nous croyons. Le dieu d'Aristote existe, tout simplement parce que les aristotéliciens croient en lui. Et ils continuent de croire en lui tout simplement parce qu'il existe. S'ils cessaient d'y croire, il cesserait d'exister. S'ils croyaient en une autre divinité, c'est celle-ci qui existerait. Ainsi, tout être divin, ou même surnaturel, est entièrement dépendant de la foi des hommes pour survivre, d'où l'utilité de l'Eglise Aristotélicienne: la survie du dieu d'Aristote dépend de l'efficacité de son Eglise à convaincre les gens de son existence. Et il en est de même pour le devenir de l'homme après la mort. Nous mourrons parce que nous pensons mourir, nous ressuscitons parce que nous pensons ressusciter, et notre devenir après la mort ne dépend que de ce que nous croyons qu'il advient. Un aristotélicien va dans son paradis solaire s'il s'en croit digne, mais s'il en doute, il va dans l'enfer lunaire.

Que faire alors? Nous disposons du pouvoir absolu: l'Hybris. Mais nous le censurons nous-même par nos propres convictions: la Moïra. C'est pour celà que le culte de l'Hybris existe. Il ne fournit pas une seule et unique réponse, valable pour tous, mais permet à chacun de trouver la sienne. Un hybriste, car c'est ainsi qu'on appelle les membres de ce culte, peut très bien décider d'accepter le monde tel qu'il est actuellement et se contenter de ce qu'il offre. Mais il peut aussi faire le choix de le changer, de le modeler à sa convenance. Pour celà, il doit vaincre la Moïra, briser les chaînes de ses propres convictions, pour faire siennes celles qu'il désire. C'est le troisième et dernier principe, la Némésis: le principe selon lequel l'homme peut vaincre la Moïra pour donner libre cour à l'Hybris. C'est un long et difficile travail, mais n'est-ce pas exaltant de sentir enfin en soi se libérer le pouvoir que nous avons fait taire pendant si longtemps?

Voici donc la vérité enfin révélée à vos yeux. A vous maintenant de savoir la faire vôtre et de vivre en harmonie avec elle, loin de tous les mensonges dont nous ont de tous temps gavés les faux prophètes. Ouvrez-vous à l'Hybris pour que vous deveniez enfin maître de votre destinée.

2. Norme Hybriste

1. Le culte de l’Hybris est composé des Maîtres, les sages personnes qui ont compris le sens des Trois Principes et y vouent leur vie. Chaque Maître doit se choisir une Némésis, une manière d’influer sur l’univers, et une Moïra, un mode de vie. Une fois celles-ci choisies, le Maître ne peut pas en changer, à moins que le Conseil Troglodyte ne le lui autorise. Seuls les Maîtres peuvent faire ces choix, car eux seuls ont acquis suffisamment de sagesse pour en assumer toutes les conséquences.

2. Les Maîtres sont réunis au sein du Conseil Troglodyte, où ils prennent collégialement les décisions qui concernent l’ensemble du culte. Chaque Maître est l’égal de ses pairs: il n’y a pas de hiérarchie entre eux et aucun d’eux ne peut donner d’ordres aux autres. Les décisions du Conseil Troglodyte doivent être prise à l’unanimité: chaque Maître se doit donc de faire passer l’intérêt collectif du culte avant tout.

3. Le Conseil Troglodyte n’est responsable de la discipline que des Maîtres et des Aspirants, celle de chaque Apprenti étant du seul ressort de son Maître. Chaque changement de statut au sein du culte et chaque décision concernant l’ensemble du culte sont du seul ressort du Conseil Troglodyte. Les décisions du Conseil Troglodyte sont sans appel et doivent être respectées et appliquées.

4. Les cinq maîtres les plus expérimentés portent le titre d'Anciens. La période où un maître a été Aspirant puis Apprenti compte dans son expérience, qui est mesurée à partir de son entrée au sein du culte. En cas de blocage prolongé et dangereux pour le culte, le Conseil Troglodyte peut voter à l’unanimité pour que les Anciens se réunissent entre eux et prennent une décision à sa place, toujours par un vote à l’unanimité.

5. Toute personne faisant explicitement le voeu de devenir un jour Maître prend le statut d’Aspirant. Il est alors libre d’étudier par lui-même les écrits expliquant la nature de l’Hybris. Les Aspirants ne sont pas encore libres de se choisir une Némésis et une Moïra car ils n’en ont pas encore la sagesse.

6. Parmi les Aspirants, chaque Maître se choisit un Apprenti. A partir de ce moment, il a la responsabilité de lui enseigner non seulement les Trois Principes, mais aussi la Norme, chaque Némésis, chaque Moïra, et à approfondir ce savoir par une réflexion personnelle.

7. L’Apprenti a en contrepartie la responsabilité d’apprendre ce que son Maître lui enseigne, de se soumettre à son autorité et de partager son quotidien: le suivre où qu’il aille et participer à chacune de ses activités. Il ne peut se choisir de Némésis ou de Moïra, n’ayant pas encore la sagesse requise, mais l’exigence de vie commune avec le Maître fait que l’Apprenti vit comme s’il avait choisi la même Némésis et la même Moïra.

8. Un Maître se doit d’avoir un seul et unique Apprenti. Si les circonstances faisaient qu’il en avait plusieurs, il serait tenu de justifier de cette entrave à la Norme devant le Conseil Troglodyte. Il en est de même s'il ne s'est pas choisi d'Apprenti alors que des Aspirants sont disponibles. La durée de l’apprentissage est laissée à la libre appréciation du Maître mais doit durer au moins deux mois complets. Durant tout l’apprentissage, le Maître est responsable de la discipline de son Apprenti et est seul juge de son comportement.

9. L’Apprenti comme le Maître peuvent décider quand ils le souhaitent d’abandonner l’apprentissage, ce qui ramène l’Apprenti au statut d’Aspirant et exige du Maître qu’il se choisisse un nouvel Apprenti. Un Maître ne peut pas avoir deux fois le même Apprenti, sauf si le Conseil Troglodyte le lui autorise. Le Conseil Troglodyte doit être informé à chaque fois qu’un apprentissage débute ou se termine.

10. Si un Maître juge que son Apprenti mérite de devenir Maître, il le présente au Conseil Troglodyte, qui valide ou non cette décision. Si elle est validée, l’Apprenti devient Maître, se choisit une Némésis et une Moïra et se doit à son tour de prendre un Apprenti. Son Maître doit alors se choisir un nouvel Apprenti. Si la décision n’est pas validée, le Maître peut choisir de renvoyer l’Apprenti au statut d’Aspirant ou de poursuivre l’apprentissage.

11. Les qualités attendues pour devenir Maître sont: la cohérence de pensée sur la durée, le calme et la patience la discipline, la fidélité au culte, l’esprit d’initiative et d’inventivité, la compréhension et l’analyse des Trois Principes, le respect et l’application de la Norme, et la compréhension des différentes Némésis et Moïras.

12. Le culte de l'Hybris est un culte Gavarniste. De ce fait, tout hybriste se doit de connaitre les liants Gavarnistes, de les respecter et d'en appliquer la Charte. Tout hybriste se comportant à l'encontre des dispositions de la Charte Gavarniste devra à être puni par son Maître, si le contrevenant est un Apprenti, ou par le Conseil Troglodyte, si le contrevenant est un Maître ou un aspirant. De par les prescriptions de la Charte Gavarniste, tout hybriste peut être élu Consul, voire Anachorète, ou se voir confier une mission par l'Ermitage, mais il doit démissionner de ces fonctions si elles rentrent en contradiction avec les dispositions de la présente Norme.