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Message par Pouyss Mer 11 Avr - 17:30

3) Parcours d’individus et de familles

Illustration n°11: “Hérétiques contre lesquels ont été prononcées au moins trois sentences.”

II) B) 3) M1210


Ce tableau regroupe un total de quarante-et-une personnes, toutes ayant vu au moins trois sentences êtres prononcées à leur encontre par l’inquisiteur Bernard Gui. Trente d’entre elles suivent le même parcours judiciaire: tout d’abord une condamnation au Mur, puis leur libération accompagnée de la condamnation au port des croix simples, et, finalement, la grâce de ces croix. A ce parcours, il faut rajouter celui de trois personnes dont les croix sont doubles et Dominique Durand, dont la maison a été détruite car une personne y était morte dans l’hérésie. Nous avons donc un total de 34 personnes sur 41 qui suivent ce schéma, soit une proportion de 80,5%. Cela témoigne d’un parcours “idéal” pour l’inquisiteur. Tout d’abord, l’hérétique est sorti de son milieu social, c’est-à-dire du lieu où il vit et les personnes qu’il a l’habitude de côtoyer. Ensuite, la personne abjure son hérésie, est libérée et peut retourner vivre parmi les siens. Le port des croix correspond à une forme de période d’essai pendant laquelle l’inquisiteur juge de l’honnêteté de l’abjuration du condamné. Si cette période est menée à bien sans que l’abjurateur ne devienne relaps, celui-ci est gracié du port des croix.

Mais il faut relativiser les résultats de l’Inquisition. En effet, ces 34 personnes ne représentent que 5% des 636 condamnés répertoriés dans le Livre des sentences. Donc, cela fait 95% de personnes qui soit suivent partiellement ce parcours “idéal”, soit sont abandonnées à la cour séculière, soit sont condamnées pour des faits autres que l’hérésie (faux-témoignages, Talmuds brûlés...). Ainsi, le condamné dénommé Jean de la Salvetat a été condamné au Mur le 23 avril 1312 pour fait d’hérésie (Catharisme). Mais il a également porté un faux témoignage contre des membres de sa famille, ce qui l’a conduit, lors du sermon du 6 mars 1316, a être condamné au Mur strict et à porter, le jour du sermon, des croix simples et des langues de cuir, bien en évidence en haut d’une échelle. Etiennette de Proault a suivi partiellement le parcours “idéal”, si ce n’est qu’elle a abjuré son hérésie après avoir été condamnée à être abandonnée à la cour séculière, lors du sermon du 3 mars 1308. Ensuite, elle a été condamnée au Mur lors du sermon de la semaine suivante (10 mars 1308), puis au port des croix doubles lors de celui du 12 septembre 1323. Pierre de Clairac et Bertrand Sales ont eux aussi suivi partiellement ce parcours “idéal”, bien qu’il n’aient pas eu droit à la grâce des croix, du moins du temps de l’office Bernard Gui. Enfin, Sanche Bourrel et Guillaume de Clairac ont refusé d’abjurer leur hérésie, ce qui les a amenés à être condamnés à l’abandon à la cour séculière.

Enfin, ce tableau nous permet d’observer les durées qui séparent chaque sentence de la suivante pour les cas du parcours “idéal”. La moyenne de durée d’emprisonnement de ces trente-quatre personnes est de six ans et celle du port des croix est de quatre ans. Mais ces durées sont très variables d’une personne à l’autre. La durée d’emprisonnement varie entre quatre mois (pour Guillemette Domergue) et neuf ans (pour neuf personnes). Celle du port des croix varie entre deux mois (pour Jean Raynes) et dix ans (pour quatre personnes). La durée moyenne des peines pour ces trente-quatre personnes (Mur + croix) est de dix ans, avec une variation moindre, puisqu’elle varie entre six ans (pour Jacques Guiraud) et treize ans (pour six personnes). Mais toutes ces variations montrent que les choix de libération du Mur et de grâce des croix est fait au cas par cas, en fonction de la volonté de pénitence de chacun.
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Message par Pouyss Mer 11 Avr - 17:32

Illustration n°12: “Tableau des personnes condamnées dans la famille Bernier et parmi ceux qui y sont liés.”

II) B) 3) M1310


Toutes les personnes présentées dans ce tableau habitaient à Verdun-Lauragais, localité la plus propice à l’hérésie Cathare si l’on en croit les informations fournies par le Livre des sentences 175. Il n’y a aucune information dans cet ouvrage qui nous permette de déduire la position sociale d’un des membres de cette famille, si ce n’est qu’ils n’étaient pas nobles, aucun titre ni aucune possession n’étant précisé. Exceptée Jeanne Bernier, dont la seule condamnation est prononcée contre ses ossements, toutes les personnes présentées dans ce tableau font partie de la même génération. Arnaud, Bernard, Bernarde, Jean, Isarn, Laurent, Pierre et Raimond formaient une fratrie qui semblait soudée par une même foi: le Catharisme.

On apprend la mort de cinq personnes sur les dix-huit que compte cette famille. Deux d’entre eux ont été livrés à la cour séculière (Pierre Bernier et Pierre André), l’une est morte avant la fin de la procédure (Guillemette) et deux autres sont mortes dans l’hérésie (Jeanne Bernier et Bernarde, le femme de Pierre). Arnaud et Jean Bernier ont suivi le parcours “idéal” expliqué plus haut, mais quatre autres personnes ont été libérées du Mur après y avoir été condamnées: Bernard, Isarn et Raimond ont été condamnés au port des croix simples et Laurent au port des croix doubles. Il est à noter que Jeanne Faure a été dans un premier temps condamné au Mur, puis s’est vue graciée des croix simples, sans que n’apparaisse ni sa libération du Mur ni sa condamnation au port des croix: soit cette sentence manquante n’a pas été marquée par les scribes de Bernard Gui, soit elle a vu sa sentence prononcée par un autre inquisiteur, soit il s’agit d’une erreur de ma part. Enfin, deux frères Faure, Ponce et Bernard, ne se sont jamais présentés à l’Inquisition pour y être jugés.

Ainsi, cette famille, qui semble représentative des hérétiques condamnés par Bernard Gui du fait du grand nombre de condamnés qu’elle comprend et de la localité où elle vivait, a suivi dans l’ensemble des parcours variés dans leur condamnations, ce qui montre le travail effectué au cas par cas de l’inquisiteur de Toulouse. Elle montre également à quel point les solidarités familiales avaient une grande importance dans la conversion à une hérésie. En effet, la mère, Jeanne Bernier, était elle-même Cathare, ce qui explique pourquoi ses enfants l’ont été également. Il n’y a aucune trace, dans le Livre des sentences, d’autres membres, qui n’auraient pas été hérétiques. Mais, malgré cela, nous pouvons tout de même observer ici l’importance de l’éducation religieuse familiale dans la foi d’une personne.

Le terme “hérésiarque” désigne les clercs hérétiques, comme les Parfaits pour le Catharisme, mais, dans le Livre des sentences, Bernard Gui utilise le terme de “Parfait” pour toutes les hérésies, pas seulement pour les Catharisme. Ainsi, nous y trouvons des “Parfaits” Vaudois. Dans le graphique ci-dessus, Barthélémy, Arnaud Cernon, Jean Cernon, Pierre Cernon, Chrétien Maynes et Jean Moran (les six de droite) sont Vaudois, alors que tous les autres sont Cathares. Ce qui y explique l’absence des Béguins est qu’aucun d’entre eux n’est considéré comme un Parfait, comme un hérésiarque. Les Parfaits Cathares et Vaudois allaient prêcher de ville en ville. Lorsqu’une personne voyait ses fautes décrites lors du sermon où sa peine était prononcée, les Parfaits qu’elle avait rencontrée étaient cités:

“En outre, les hérétiques qu’elle a vus sont: Pierre Autier, Guillaume Autier, Jacques Autier, Amiel, Pierre Sans, Raimond Faure, non pas ensemble ni en un seul endroit, mais tantôt les uns tantôt les autres. (Heretici autem quos vidit sunt Petrus Auterii, Guillelmus Auterii, Jacobus Auterii, Amelius, Petrus Sancii, Ramundus Fabri, non simul nec in eodem loco, set modo istos, modo illos.)” 176
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Message par Pouyss Mer 11 Avr - 17:36

Illustration n°13: “Tableau des “Parfaits” les plus cités dans le Livre des sentences.”

II) B) 3) M1410


C’est à partir de ces citations dans les fautes des condamnées qu’a été construit ce graphique. Mais les Béguins ne semblent pas avoir prêché ainsi, mais plutôt avoir vécu en communauté fermée sur elle-même. Tous les Béguins condamnés se disent membres du Tiers ordre de saint François et disent suivre le mode de vie monacal de cette hérésie:

“Raimond du Bosc, fils de feu Raimond du Bosc, de Belpech au diocèse de Mirepoix, qui dit appartenir au Tiers ordre de saint François et être profès de la troisième Règle de ce même ordre selon un document officiel, ordre dont il porte l’habit avec le manteau (Raymundus de Buxo, filius quondam Ramundi de Buxo de Bellopodio dyocesis Mirapiscensis, qui dicit esse de tercio ordine sancti Francisci et se esse professum terciam regulam ejusdem cum publico instrumento, cujus portat habitum cum mantello)” 177

Ce graphique nous permet d’observer l’influence de ces Parfaits, mais aussi de leur hérésie. Ainsi, aucun Vaudois n’atteint les cinquante citations, alors que la majorité des Parfaits Cathares (six sur onze) présentés dans ce tableau dépasse ce palier symbolique. Parmi ces six-là, deux se situent entre 50 et 100 citations (Pierre Raimond et Guillaume Autier), deux autres entre 100 et 150 citations (Amiel de Perles et Pierre Sans), un autre est à 199 (Jacques Autier) et un dernier à 233 citations (Pierre Autier). La plupart des Cathares rencontrent successivement la majorité de ces Parfaits, sans que le Livre des sentences ne permette de déterminer un ordre de rencontre type. Cela suppose que ceux-ci se relayaient afin d’assurer la continuité de la conversion de leurs fidèles.

Enfin, nous pouvons observer l’influence familiale dans la formation de Parfaits. Jacques Autier est le fils de Pierre Autier et Guillaume Autier est le frère de ce dernier. Chez les Vaudois, nous avons les trois frères Cernon, Arnaud, Jean et Pierre, fils de feu Gui Cernon, lui aussi Vaudois. Il semble que, dans ces familles, un membre ait converti et formé les autres: Pierre pour la famille Autier et Gui pour la famille Cernon. Mais il est également possible que ces conversions et ces formations aient été l’oeuvre de tierces personnes, mais le Livre des sentences ne donne aucune information permettant d’étayer cette théorie.

175 Voir Illustration n° 9: “Carte des localités comptant au moins cinq condamnés”, page 77.

176 Bernard Gui, Liber sententiarum..., op. cit., p. 364-365.

177 Ibid., p. 1298-1299.
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