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Message par Pouyss Mer 11 Avr - 18:13

B) Les cas exceptionnels

La quatrième hérésie est qualifiée par Bernard Gui de secte des pseudo-apôtres. Ils s’efforcent de vivre une vie de pauvreté, d’indépendance et de prédication, afin de ressembler le plus possible à la vie des apôtres. Un seul pseudo-apôtre a été condamné par Bernard Gui. Il s’agit de Pierre de Lugo, de Galice. Cependant, dans sa Practica inquisitionis, l’inquisiteur consacre une longue partie à son culte.

1) Le pseudo-apôtre

Bernard Gui explique dans le détail l’histoire de cette hérésie, dans sa Practica inquisitionis 209. En 1260, à Parme, en Lombardie, un dénommé Gérard Ségarelli inaugura l’hérésie des Apôtres. Inspiré de la vie apostolique, Ségarelli considérait qu’il ne devait se soumettre à aucune autre autorité qu’à Dieu. Il vivait de mendicité et prêchait sur les chemin. A l’instar des Vaudois et des Spirituels, ce fonctionnement est très semblable à celui des ordres mendiants. Cet idéal apostolique se traduit également dans leur habillement, comme en témoigne Bernard Gui:

“Au début, ceux-ci portaient des cheveux longs, une tunique blanche avec une pèlerine blache à faux col relevé en forme d’une aube parée: j’en ai vu plusieurs qui cachaient ce costume sous un large manteau. Tantôt ils avaient des sandales, tantôt ils marchaient nu-pieds, s’écartant, dans leur vie et moeurs, des habitudes communes des fidèles. (Et sic ab initio cum mantello albo ad collum permodum peralba elevato cum tunica alba et longis crinibus, quorum plures in tali habitu ego vidi, sub quodam habitu palliato, aliquando utentes soleis, aliquando nudis pedibus indecebant, a communi conversatione fidelium vita)” 210

Pendant vingt ans, la prédication de Ségarelli resta secrète et lui permit de réunir des fidèles. Mais le pape Honorius IV finit par l’apprendre et condamna cette hérésie, par une lettre adressée à tous les prélats de l’Eglise Romaine, condamnation et lettre rééditées par le pape Nicolas IV en 1290. Mais cela n’empêcha pas Ségarelli de continuer à étendre son culte. Mais le 18 juillet 1301, Manfred, inquisiteur Dominicain de Parme le condamna à l’abandon à la cour séculière, mettant fin à quarante années de prêche. Certains pseudo-apôtres le suivirent dans la mort, d’autres abjurèrent, mais la majorité s’enfuit. Mais cette hérésie n’était pas morte pour autant. En effet, Ségarelli eut un successeur, originaire lui aussi de Lombardie, du diocèse de Novare. Nommé Dolcino, il en fit évoluer le dogme. Ainsi, il justifiait le pouvoir de changer le dogme et se donnait une légitimité en affirmant que tous les dirigeants successifs de leur culte (c’est-à-dire Ségarelli et lui-même) possédaient “le don de révélation divine et l’esprit d’intelligence des prophètes (revelationem a Deo et spiritum intelligentie prophetarum)” 211. Il a défini le dogme de son culte dans trois lettre, dont les deux premières ont été résumées par Bernard Gui.

Dans sa première lettre, Dolcino affirme tout d’abord que l’Ordre des Apôtres est une congrégation spirituelle, caractérisée par la vie apostolique de ses membres, incluant la pauvreté, excluant toute autre autorité que Dieu. La séparation entre cette hérésie et l’Eglise Romaine est donc officielle y compris de ce côté. Il ajoute que cette congrégation a été bénie de Dieu pour assurer le salut des âmes, et que lui-même reçut des révélations divines. L’Eglise Romaine et ses alliés temporels réprimant leur congrégation, les pseudo-apôtres se considèrent comme martyrs, comme les tous premiers Chrétiens, et que le jour viendrait où ils pourraient prêcher librement, lorsque l’Eglise Romaine serait détruite. Nous retrouvons là une logique très semblable à celle des Spirituels, mais la comparaison ne s’arrête pas là. Dolcino distingue quatre âges dans l’histoire humaine. Le premier fut l’âge des Pères, des patriarches et prophètes de l’Ancien Testament. A cette époque, les besoins démographiques faisaient que le mariage était une bonne chose. Mais cette vie pieuse se pervertit peu à peu.
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Message par Pouyss Mer 11 Avr - 18:14

Le second âge commença avec le Christ et ses apôtres. Là, la virginité et la chasteté étaient préférables au mariage et la pauvreté à la richesse. Mais cette perfection évangélique s’étiola jusqu’à l’époque de l’empereur Constantin et du pape Sylvestre, avec qui le troisième âge commence. Le Christianisme avait alors fait de nombreux fidèles. Alors, le pape Sylvestre accepta la possession de bien et le mariage, afin de maintenir les fidèles dans la foi Chrétienne. Mais la foi des fidèle devint de moins en moins passionnée. A cette époque, la vie monastique instaurée par saint Benoît était la plus vertueuse. Mais les moines eux-mêmes se refroidirent dans leur pieuse ardeur et le monachisme mendiant, instauré par les saints Dominique et François, devint le mode de vie le plus pur. Mais les ordres mendiants se refroidirent eux aussi dans leur foi et c’est alors que commença, avec Ségarelli et Dolcino, le quatrième âge de l’humanité.

Nous voyons bien que, pour Dolcino, la ferveur religieuse dépend essentiellement de la pauvreté et de la chasteté comme valeurs fondamentales. Les situations qui y font exception sont rendues nécessaires par des éléments extérieurs à la foi: faible démographie chez les juifs et grand nombre de fidèles à l’époque de saint Sylvestre. Ainsi, les modes de vie monastique ne sont que des moyens pour une minorité de vivre de manière vertueuse, laissant au reste de la population vivre une vie moins pieuse. Dolcino décide donc qu’il ne faut plus poursuivre dans cette voie pour atteindre un état de vie vertueuse, d’autant que chaque période voit la foi se détériorer peu à peu. Le quatrième âge étant considéré comme le tout dernier avant l’Apocalypse, il faut renouer avec le mode de vie le plus parfait, donc le plus strict sur le célibat et la pauvreté. Ainsi, Dolcino déclare que, contrairement aux ordres mendiants, même la propriété collective n’est plus de mise:

“C’est le quatrième et dernier âge, caractérisé par un genre de vie proprement apostolique, différent de celui des saints François et Dominique: ces derniers possédaient des maisons et y transportaient les aumônes qu’on leur faisait; nous, ajoute Dolcino, nous n’avons aucune demeure, nous ne pouvons même pas porter sur nous le produit des aumônes; c’est pourquoi notre vie constitue le plus grand, l’ultime et universel remède. (Et iste est quartus status et ultimus in proprio modo vivendi apostolico et differt a modo vivendi sancti Francisci et sancti Dominici, quia vita illorum fuit multas habere domos et illuc mendicata deferre, set nos, ait Dulcinus, nec domos habemus nec etiam mendicata portare debemus, et propter hoc vita nostra major est et ultima omnibus medicina)” 212

A cela, Dolcino ajoute une autre subdivision en quatre époque. Celle-ci n’inclut plus la période juive et commence donc avec Jésus Christ et la fondation de l’Eglise. La première ère va du Christ à saint Sylvestre, où l’Eglise est qualifiée de “bonne, vierge, chaste, persécutée (bona et virgo et casta et persecutiones)” 213 dans le résumé de Bernard Gui. La seconde ère voit l’Eglise s’enrichir et être considérée, “tout en persévérant dans le bien et la chasteté (ipsa permanente in bonitate et castitate)” 214, grâce notamment aux exemples des saints sylvestre, Benoît, Dominique et François. La troisième voit l’Eglise s’avilir, se pervertir et s’enrichir. C’est pendant cette ère qu’écrit Dolcino. La quatrième et dernière est celle du retour à la vie apostolique, où l’Ordre des Apôtres doit guider les fidèles dans la voie de la vertu, avant que n’arrive l’Apocalypse.

Cette subdivision est très proche des thèses de Pierre Déjean-Olieu et de Joachim de Flore. Nous y voyons une évolution de l’Eglise, faite ruptures suivies de décadences progressives. Mais il s’en distingue essentiellement par l’importance donnée au pape saint Sylvestre, ce qui donne quatre ères au lieu des trois que nous retrouvons dans les thèses de Pierre Déjean-Olieu et de Joachim de Flore. Ce dernier, contrairement à Dolcino, qui voit dans ce saint une personne fondamentale dans la vertu de l’Eglise de son temps, affirme que saint Sylvestre était demeuré l’esclave des préoccupations du monde antique au lieu de donner une impulsion réelle vers la perfection Chrétienne.
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Message par Pouyss Mer 11 Avr - 18:15

Dolcino se place donc en guide de la Chrétienté pour a faire passer du troisième âge (celui de la décrépitude du Christianisme) au quatrième (celui de l’essor final du Christianisme). Il affirme que les prélats Romains, bouffis d’orgueil et de richesses, ont massacré le martyr Gérard Ségarelli parce qu’il détenait la vérité, et qu’ils ont l’intention de faire de même avec lui. Mais il prophétise 215 que, dans les trois années qui suivront (il écrivit cette première lettre à la fin du mois d’août 1300), tous les clercs corrompus de l’Eglise Romaine, qu’ils soient clercs séculiers ou réguliers, seront exterminés des mains d’un nouvel empereur et de nouveaux rois, bénis de Dieu. Seuls les clercs qui auront rejoint l’Ordre des Apôtres survivront. Dolcino précise même que ce nouvel empereur sera Frédéric II (1296-1337), roi de Sicile, celui-ci étant entré en guerre avec le Saint Siège sous le pontificat de Boniface VIII. Frédéric sera, selon Dolcino, élu empereur et nommera dix nouveaux rois, puis tuera le pape Boniface VIII. Il s’appuie sur ses interprétations de nombreux passages de l’Ancien et du Nouveau Testament pour appuyer ses prophéties. Par exemple, voici comment Bernard Gui décrit une interprétation de l’Apocalypse par Dolcino:

“Item, vers la fin de la même lettre, il parle de sept anges et de sept églises de l’Apocalypse: l’ange d’Ephèse, explique-t-il, ce fut le bienheureux Benoît; son église, l’ordre monacal; item, l’ange de Pergame, ce fut le bienheureux pape Sylvestre; son église, ce furent les clercs; item, l’ange de Sardes, ce fut le bienheureux François, avec pour église les frères Mineurs; item, l’ange de Laodicée, ce fut le bienheureux Dominique, avec pour église les frères Prêcheurs; item, l’ange de Smyrne, ce fut Gérard de Parme, que les méchants dont on a parlé plus haut ont mis à mort; item, l’ange de Thyatire, c’est frère Dolcino, du diocèse de Novare; item, l’ange de Philadelphie sera le susdit pape saint; et ces trois dernières églises sont constituées par la congrégation apostolique envoyée en ces derniers temps (Item, circa finem epistole sue predicte exponit de VII primis angelis cum ecclesiis suis qui scribuntur in Apocalipsi, dicens quod angelus Ephesi fuit beatus Benedictus et congregatio monachorum fuit sua ecclesia. Item, angelus Pergami fuit beatus Silvester pap et clerici fuerunt sua ecclesia. Item, angelus Sardis fuit Beatus Franciscus et fratres Minores fuerunt sua ecclesia. Item, angelus Laodicie fuit beatus Dominicus et fratres Predicatores fuerunt sua ecclesia. Item, angelus Smirne fuit frater Gerardus Parmensis, qui a supradictis pessimis fuit occisus. Item, angelus Tyatire est ipse frater Dulcinus dyocesis Novariensis. Item, angelus Phyladelphie erit predictus papa sanctus; et iste tres ecclesie ultime sunt ista congregatio apostolica in istis diebus novissimis missa.)” 216

Alors, la paix régnera entre tous les Chrétiens et un nouveau pape sera choisi par Dieu, non par les cardinaux. Sous la direction de ce pape seront placés les membres de l’Ordre des Apôtres. Tous recevront alors le Saint Esprit et guideront la Chrétienté jusqu’à l’Apocalypse. Alors, l’empereur Frédéric, le dix rois et le nouveau pape vivront jusqu’au jour de l’Apocalypse. Nous voyons ici que le fin du monde est proche selon Dolcino, ce qui justifie à ses yeux la nécessité de purification de la Chrétienté. La seconde lettre vient compléter la première, en apportant des précisions. Etant écrite en 1303, soit trois ans plus tard, ce qui rend caduques les prédictions de la première lettre, Dolcino opère un décalage temporel dans ses prédictions, avec corrections appropriées. L’année 1303 correspond à “la désolation sur le roi du midi et sur le pape Boniface (in quo facta est desolatio super regem Austri et super Bonifacium papam)” 217. Cette description correspond à la paix de Caltabellotta, entre Charles II de Sicile et Boniface VIII, qui dépouillait la maison d’Anjou de l’île de Sicile. L’an 1304 verra une crise au sein de la Curie Romaine et l’an 1305 la mort de tous les clercs de la main de Frédéric II. Bernard Gui a repris cette analyse des lettres de Dolcino d’un auteur anonyme dont le texte a été écrit en 1316, date à laquelle ces prédictions n’ont toujours pas eu lieu, comme le précise à dessein l’inquisiteur. Enfin, Dolcino fait la liste des quatre derniers papes de la Chrétienté, en qualifiant deux de bons et deux de mauvais. Le premier, un bon pape, est Célestin V, qui a abdiqué de sa dignité pontificale. Le second, un mauvais, est Boniface VIII. Le troisième, que Dolcino ne nomme pas, puisque la lettre est écrite en septembre 1303, aux alentours de l’attentat d’Anagni, sera un pape mauvais. Mais le quatrième et dernier pape, celui qui sera nommé directement par Dieu lorsque tout le clergé aura été tué par Frédéric II, sera un bon pape.

Dans le Livre des sentences, un seul membre de l’hérésie de Dolcino, ou Ordre des Apôtres, est condamné par Bernard Gui. La disproportion entre ce cas unique et isolé d’une part et la quantité de travail descriptif fourni par l’inquisiteur dans sa Practica inquisitionis (55 pages dans l’édition de Mollat) peut paraître surprenante, mais Bernard Gui se veut exhaustif. La taille de la description d’une hérésie n’est donc pas liée au nombre d’hérétiques condamnés, mais à la quantité d’informations dont ils dispose. Ainsi, tant les Cathares que les Vaudois, les Béguins ou les Pseudo-apôtres sont décrits avec autant de précision, alors que le nombre de condamnés de chacune de ces hérésies par l’inquisiteur est très inégal.
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Message par Pouyss Mer 11 Avr - 18:18

Cet hérétique condamné par Bernard Gui, membre de l’Ordre des apôtres, a une autre particularité: il est le seul espagnol cité dans le Livre des sentences. Il s’appelle Pierre de Lugo 218 et vit dans la ville du même nom, située en Galice, près de Compostelle. Cela pose la question de la présence de cette hérésie dans la péninsule ibérique. Il semblerait que cette présence, et la présence d’hérésies en général, y soit rare, si on se base sur la réponse de l’archevêque de Compostelle à une lettre de Bernard Gui: “car c’était là jusqu’à présent chose inconnue dans nos régions. (quia talia in partibus nostris fuerunt hactenus insueta)” 219. Cette conversion vraisemblablement exceptionnelle est due au prêche de Richard, un pseudo-apôtre Lombard, originaire de la ville d’Alexandrie, en Lombardie, comme le révèlent les confessions de Pierre de Lugo à Bernard Gui.

Le reste des confessions décrit les éléments de dogme que Pierre de Lugo a reconnu croire. La plupart rejoignent les thèses de Dolcino: le clergé de l’Eglise Romaine est perverti, l’excommunication prononcée à l’encontre des membres de l’Ordre des Apôtres n’est pas valable devant Dieu, la pauvreté monastique est bonne mais incomplète, car les moines ont des possessions communes. Mais d’autres éléments s’en éloignent et ressemblent d’autant plus au dogme des Joachimites en général et des Spirituels en particulier. Ainsi, le pape Sylvestre est vu non pas comme un bon pape, mais comme un mauvais, qui a perverti la pauvreté apostolique. De plus, Pierre de Lugo refuse obstinément de prêter serment devant Bernard Gui, affirmant qu’il s’agit d’un péché. Rien dans le Livre des sentences ne vient nous éclairer sur cette évolution dogmatique. Pierre de Lugo finit par abjurer son hérésie le 25 août 1322 220. Il est alors condamné au Mur.

Mais les personnes condamnées par Bernard Gui ne sont pas tous des hérétiques. Ainsi, les relations entre l’Inquisition Toulousaine du début du XIVe siècle sont certes restreintes mais bel et bien présentes. Trois cas liés au Judaïsme se retrouvent dans le Livre des sentences: un de destruction de Talmuds et deux de retour au Judaïsme après conversion au Christianisme.


209 Bernard Gui, Practica..., (Mollat), op. cit., Tome II, pp. 66-67.

210 Ibid., pp. 68-71.

211 Ibid., pp. 76-77.

212 Ibid., pp. 82-83.

213 Ibid.

214 Ibid., pp. 84-85.

215 Ibid., pp. 88-89.

216 Ibid., pp. 90-91.

217 Ibid., pp. 96-97.

218 Bernard Gui, Liber sententiarum..., op. cit., pp. 1518-1519.

219 Bernard Gui, Practica..., (Mollat), op. cit., Tome I, pp. 120-121.

220 Bernard Gui, Liber sententiarum..., op. cit., pp. 1526-1527.
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