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Message par Pouyss Mer 11 Avr - 18:04

3) Le Béguinisme

L’hérésie Béguine, ou Spirituelle, trouve ses racines dans la fondation même de l’Ordre Franciscain 201. Saint François (1181-1221) s’était efforcé de maintenir les membres de son ordre naissant dans son idéal de pauvreté évangélique, malgré les évolutions contraires déjà perceptibles. Cela se traduisait dans l’habit monastique, qui évoluait petit à petit depuis le sac de toile rapiécé vers une tenue plus confortable et luxueuse. L’ami de saint François et ministre général Franciscain Jean de Parme (1209-1289) s’était efforcé d’en faire respecter la règle, mais il fut déposé en 1257.

C’est à cette époque que commence à se faire connaître la théologie de Joachim de Flore (1130-1202). Selon lui, l’humanité doit connaître trois périodes spirituelles: celle du Père, liée aux Juifs et à l’Ancien Testament, période de la famille, celle du Fils, liée aux Chrétiens et au Nouveau Testament, période des clercs, et celle du Saint Esprit, règne des moines, débarrassé des préoccupations doctrinales et morales. Cette dernière doit apparaître lorsque l’Antéchrist viendra mettre à bas l’Eglise Romaine. Ces thèses furent à l’origine d’un grand mouvement populaire de spiritualité, qui vint gonfler les rangs des tiers-ordres (laïcs) Dominicain et Franciscain. L’Eglise prit peur et tint un concile à Arles en 1260-1261, où le Joachimisme fut condamné. Mais nombre de membres du tiers-ordre Franciscain virent dans la règle de Saint François la base nécessaire de l’avènement de l’âge du Saint Esprit et refusèrent toute modification de celle-ci. Ils furent appelés Spirituels.

L’année 1260 fut aussi celle de l’entrée dans l’Ordre Franciscain de Pierre Déjean-Olieu (1246-1298). Après des études théologiques à Paris, il rejoignit le couvent de Béziers et y écrivit de nombreux traités d’essence Joachimite. Malgré la censure à son égard (ses écrits furent mis à l’index en 1285), les reproches faits à l’égard de ses thèses ne furent pas suffisantes pour le condamner lui-même. Il mourut le 14 mars 1298, affirmant avoir eu une vision, et fut considéré comme un saint par les Spirituels. Et, pendant ce temps, ces derniers se développaient:

“Les béguins (prononcé béquis ou véquis), les tierciaires Franciscains, fréquentaient les sermons des Frères, se réunissaient le soir pour entendre de pieuses lectures, se pénétraient d’un idéal de pauvreté et allèrent jusqu’à porter, parfois, un court manteau de bure. Mais c’étaient surtout les béguines qui se manifestaient au dehors, en tenant dans les faubourgs leurs “Maisons de la pauvreté”, asiles ouverts aux nécessiteux et aux gens de passage, et en ajoutant parfois à l’engagement des tierciaires des voeux plus contraignants, comme le voeu de chasteté, qu’elles allaient faire à titre individuel, par exemple à Notre-Dame de Sérignan. Bien avant la fin du siècle, et même dans les milieux hostiles aux Spirituels, comme à Toulouse, elles commençaient à mener une vie communautaire.” 202

La ferveur des Spirituels était partagée mêmes dans les plus hautes strates de la société de leur époque. Certains cardinaux, tels que Colonna, leur était favorable. Le fils de Charles II, roi de Naples, Louis, mourut mourut dans la bure Franciscaine alors même qu’il avait été élu, en 1297, évêque de Toulouse. Le médecin catalan du roi de Naples et de plusieurs papes, Arnau de Villeneuve, avait écrit un petit ouvrage sur eux au cours de ses recherches théologiques. L’un de leurs chefs en Languedoc, Gui de Lévis-Mirepoix, faisait partie d’un des plus hauts lignages français. Le ministre général de l’Ordre, Raimond Jouffret, fils de Bergonhos d’Agoult, lui-même vicomte de Marseille et podestat d’Arles, était un ami de Pierre Déjean-Olieu de 1289 à 1295 et un protecteur des Spirituels.

Raimond Jouffret avait été élu ministre général en 1289 fit revenir à Montpellier Pierre Déjean-Olieu comme lecteur, car celui-ci avait auparavant été nommé à Florence. Mais Jouffret fut déposé en 1295 et remplacé par Mincio de Murrovalle, qui occupa cette charge de 1296 à 1304. Arnaud de Roquefeuil fut nommé ministre provincial. Tous deux étaient de farouches ennemis des Spirituels et la répression ne tarda pas à avoir lieu. Deux ans plus tard, les ouvrages de Pierre Déjean-Olieu furent brûlés et les Spirituels envoyés dans des couvents sûrs, où ils furent enfermés dans des conditions difficiles. Environ trois cent d’entre eux moururent de ces mauvais traitements. En 1299, un concile provincial, sous la direction de Gilles Aicelin, condamna les Spirituels, les accusant de vouloir fonder un nouvel ordre, alors que cela était interdit depuis les conciles de 1215 et 1274.
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Message par Pouyss Mer 11 Avr - 18:05

L’élection du pape Clément V fut un soulagement pour les Spirituels. Son médecin, Arnaud de Villeneuve (protecteur des Spirituels), lui conseilla de convoquer leurs principaux dirigeants. Après un entretien avec ceux-ci, le pape décida, le 14 avril 1310, de soustraire les Spirituels à l’obéissance à leurs supérieurs Franciscains. Dans l’été qui suivit, trois des dirigeants Spirituels, Raimond Jouffret, Gui de Mirepoix et Barthélémy Sicard, moururent. Le bruit courut qu’ils avaient été empoisonnés par les Franciscains. Clément V ouvrit ensuite le concile de Vienne et, le 6 mai 1312, les bulles Fidei catholice fundamento et Exivi de paradiso donnèrent une réponse mitigée à la situation: les Spirituels condamnaient quelques points obscurs des thèses de Pierre Déjean-Olieu, mais sans le nommer, et interdit le port de vêtements religieux aux Béguines. Ce soutien discret aux Spirituels fut complété lorsque Clément V déposa, en juillet 1312, quinze dirigeants Franciscains parmi les plus zélés dans la répression. Les Spirituels obtinrent leur plus grande victoire à la Pentecôte 1313, lorsque le nouveau ministre général, Alexandre d’Alexandrie, leur confia les trois couvents de Carcassonne, Narbonne et Béziers.

Mais Clément V mourut en avril 1314 et les Franciscains qu’il avait punis retrouvèrent peu après leurs charges respectives. Et deux d’entre eux, Guillaume Astre et Bonagrazia de Bergame, profitèrent de l’élection du Jean XXII pour lui soumettre cinq propositions visant à condamner le mouvement Spirituel. Le 13 avril 1317, le pape leur donna raison sur la question de l’habit. Par la bulle Quorumdam exigit, il ordonna aux Spirituels de porter le luxueux habit Franciscain. Mais ils firent appel et furent convoqués à la Curie le 27 avril 1317. Soixante-quatre d’entre eux arrivèrent à Avignon le 11 mai et furent reçus le 13. Jean XXII les écouta les uns après les autres et les fit tous arrêter. Les autres furent sommés de porter l’habit conventuel. Vingt-cinq d’entre eux, ayant refusé, furent livrés à l’inquisiteur Franciscain de Provence, Michel Lemoine, l’un de ceux que Clément V avait puni pour leur zèle contre les Spirituels. Il en fit brûler quatre à Marseille le 7 mai 1318. Les trois couvent autrefois confiés aux Spirituels furent investis par les Franciscains. Le corps de Pierre Déjean-Olieu fut déterré et disparu en 1318. En 1321, les lépreux furent brûlés en masse dans tout le royaume.

Les Spirituels eurent alors droit à une véritable purge. Nombre d’entre eux furent arrêtés à Lodève, Clermont et Narbonne. Les premiers bûchers eurent lieu à Capestang en 1319 et à Lodève peu après. A Lunel, le 18 octobre 1321, dix-neuf Spirituels de Lodève et de Clermont furent brûlés. Le 10 janvier 1322, la foule arriva à empêcher l’exécution de deux condamnés. Ceux-ci furent transférés à Agde et y furent brûlés. Le 28 février 1322, seize hommes et cinq femmes furent également exécutés. C’est dans ce contexte que s’inscrit l’activité inquisitoriale de Bernard Gui à l’encontre des Spirituels. Celui-ci décrit avec précision, dans le Livre des sentences, les points de dogme qui en font des hérétiques.

Tout d’abord, ils considèrent que la Règle de saint François a été directement révélée au fondateur de l’ordre des frères Mineurs par le Saint Esprit, donc par Dieu lui-même. Cela est d’autant plus vrai à leurs yeux qu’elle ne fait que reprendre le mode de vie de Jésus Christ et de ses apôtres. Cette révélation est donc aussi sacrée que les Evangiles et ne peut donc pas être changée. En effet, les Spirituels reprochent à la papauté et aux Franciscains de l’avoir modifiée afin de l’assouplir, notamment au sujet de la pauvreté. De ce fait, ils se considèrent comme seuls dépositaires de la parole divine et refusent toute compromission à son sujet. Ainsi, le Spirituel Guillaume Ros voit ses paroles présentées ainsi par Bernard Gui:

“De même que la règle des frères Mineurs est cette vie ou Règle que le Christ a imposée aux apôtres et c’est la Règle évangélique. […] De même qu’agir à l’encontre de cette Règle de saint François, surtout en matière de voeu de pauvreté, de chasteté et d’obéissance, est agir à l’encontre de l’Evangile du Christ. De même, alors que le pape ne peut changer, ajouter ou retrancher quelque chose à l’Evangile du Christ, de même il ne peut changer, ajouter ou retrancher quelque chose aux conseils que renferme cette Règle évangélique de saint François. (Item quod regula fratum Minorum est illa vita seu regula quam Christus imposuit apostolis et est regula evangelica. […] Item quod facere contra predictam regulam sancti Francisci maxime in votis paupertatis, castitatis et obediencie est facere contra Evangelium Christi. Item quod sicut dominus papa non potest mutare, addere vel diminuere aliquid in Evangelio Christi, ita non potest mutare, addere vel diminuere in consiliis que continentur in predicta regula evangelica sancti Francisci.)” 203
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Message par Pouyss Mer 11 Avr - 18:06

L’élément de la Règle de saint François que les Spirituels défendent avec le plus d’acharnement est la pauvreté. Non seulement cette pauvreté doit être individuelle (comme dans tout ordre monastique) mais elle doit aussi être collective. En effet, les moines ne possèdent rien en propre, pour eux mêmes. Tout ce qu’ils portent, mangent, boivent, les locaux dans lesquels ils vivent, ne leur appartiennent pas à eux-mêmes mais à leur ordre. Le problème est que les possessions d’un ordre qui se développe s’agrandissent d’autant et la vie quotidienne de leurs membres s’améliore d’autant. C’est cette dérive que les Cisterciens critiquaient déjà, lorsqu’ils ont fondé leur ordre, aux Clunisiens. C’est aussi ce que critiquaient les ordres mendiants chez les ordres monastiques déjà en place, lorsque les ordres Dominicains et Franciscains furent fondés. Mais ces dérives se retrouvèrent systématiquement au fur et à mesure de l’expansion de ces ordres monastiques, y compris chez les Cisterciens, les Dominicains et les Franciscains. La solution choisie par les Spirituels est radicale: même l’ordre lui-même ne peut rien posséder. En d’autres termes, non seulement les Franciscains devraient être pauvres individuellement mais aussi collectivement.

“De même que le pape Jean XXII, en édictant la constitution ou la déclaration selon laquelle les frères Mineurs pouvaient avoir des greniers et des chais pour la conservation du grain et du vin en commun, a agi injustement et à l’encontre de la Règle de saint François. (Item quod dominus pap Johannes XXIIus, faciendo constitucionem seu declarationem quod frates Minores possent habere granaria et cellaria ad conservandum bladum et vinum in conmuni, fecit injuste et contra regulam sancti Francisci)” 204

Cette volonté de pureté apostolique les oppose donc non seulement aux conventuels de l’ordre des frères Mineurs, mais aussi à l’ensemble de la papauté. Les Franciscains se montraient très agressifs à leur égard car c’était une lutte pour la survie de leur mode de vie. Alors que le pape Clément V les protégeaient face à eux, Jean XXII prit clairement le parti des conventuels et lança une grande répression contre les Spirituels. Le piège qu’il tendit à leurs soixante-quatre représentants marqua le début de cette opposition farouche entre le clergé de l’Eglise Romaine et l’ancien tiers-ordre Franciscain. Les Spirituels se radicalisèrent face à cette Eglise qu’ils considérèrent depuis comme pervertie.

“De même que le pape, les prélats et les inquisiteurs qui ont condamné ces frères Mineurs ou ces Béguins comme hérétiques ou qui ont accepté leur condamnation, ont agi injustement, de manière inique et perfide (Item quod dominus papa et prelati et inquisitores qui predictos fratres Minores aut predictos Beguinos condempnaverunt velut hereticos aut in condempnacione eorum consenserunt, fecerunt injuste inique et maliciose)” 205

Cette dénonciation de l’Eglise Romaine va même bien plus loin. Conformément aux thèses de Joachim de Flore et de Pierre Déjean-Olieu, les Spirituels voient dans l’histoire religieuse de l’humanité trois grandes étapes. La première, celle des Juifs, est celle du Père. Elle trouva sa fin par l’incarnation de Jésus Christ. La seconde, celle de l’Eglise Chrétienne, est celle du Fils. Les Spirituels se considèrent comme les annonciateurs de la nouvelle ère, celle du Saint Esprit. A leur Eglise Spirituelle, ils opposent l’Eglise charnelle de Rome, corrompue et pervertie:

“L’Eglise charnelle ayant été rejetée, lui succédera alors l’Eglise Spirituelle qui, en majeure partie, sera fondée par les frères Mineurs pauvres qui réclament l’observance de la pureté de la Règle et même, à partir de quelques autres statuts, certains seront élus. (et rejecta ecclesia carnali tune ecclesia spiritualis succedet que pro majori parte fundabitur per fratres Minores pauperes qui petunt observanciam puritatis regule, et etiam de aliquibus aliis statibus aliqui eligentur.)” 206
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Message par Pouyss Mer 11 Avr - 18:11

Pierre Déjean-Olieu, dans le rêve prophétique qu’il a décrit, annonce que la fin de l’ère du Fils se finira par l’envoi d’un antéchrist, qualifié de mystique, avant même celui annoncé dans l’Apocalypse. Cet antéchrist mystique aurait pour but la répression des Spirituels afin de préparer l’avènement de la nouvelle ère, comme les Juifs avaient martyrisé Jésus Christ. Ils trouvèrent dans le pape Jean XXII le candidat parfait pour tenir ce rôle, ce qui expliquait à leurs yeux la répression qu’il organisa contre eux.

“De même qu’il y avait deux antéchrists: l’un, mystique, et l’autre, plus grand; que l’antéchrist mystique était ce pape, sous lequel se produisent la persécution et l’attaque des hommes évangéliques qui veulent observer la pauvreté et la pureté de la Règle de saint François, que cet antéchrist mystique est la pape Jean XXII (Item quod duo erant Anti-Christi videlicet misticus et alter major et quod misticus Anti-Christus esset ille papa sub quo fit persecucio et inpugnacio virorum evangelicorum qui volunt servare paupertatem et puritatem regule sancti Francisci, et quod iste misticus Anti-Christus est dominus papa Johannes XXIIus.)” 207

Ainsi, les Spirituels se voient comme ceux qui permettront à une nouvelle ère religieuse de voir le jour. Leur mission est de nature apostolique, puisqu’ils transmettent la parole divine révélée à Pierre Déjean-Olieu. Et leur ennemi est le mal, dirigé par l’antéchrist Jean XXII. Dans la plus pure tradition du Christianisme des premiers temps, ils se présentent comme des martyrs de cet être maléfique et de ses serviteurs corrompus. Seule la pureté de leur foi leur assure la victoire finale. Ainsi, chaque personne tuée par les agents du pape est considérée comme un saint ayant donné sa vie pour leur mission sacrée: des martyrs.

“De même que ces quatre frères Mineurs qui furent condamnés comme hérétiques par le jugement de l’inquisiteur de la perversité hérétique, à Marseille, il y a quatre ans, étaient des martyrs glorieux à mettre au nombre de tous les martyrs de l’Eglise de Dieu après les apôtres. (Item quod illi IIIIor fratres Minores qui fuerunt condempnati velut heretici per judicium inquisitoris heretice pravitatis apud Massiliam a IIIIor annis citra erant martires gloriosi inter omnes martires ecclesie Dei post apostolos.)” 208

Mais, bien que ces trois hérésies concernent l’essentiel du Livre des vertus, certains cas n’y sont pas liés. Ainsi, une quatrième hérésie, qualifiée de secte des pseudo-apôtres, connaît un membre condamné par le Dominicain. Le cas du Judaïsme, et plus particulièrement du Talmud, nécessite que l’on s’y attarde. Enfin, le cas du Franciscain Bernard Délicieux est lui aussi important, étant donné tout ce qu’il révèle de la perception de l’Inquisition par les contemporains de Bernard Gui.


201 J. Duvernoy, “Une hérésie en bas Languedoc...”, op. cit., pp. 179-191.

202 Ibid., p. 183.

203 Bernard Gui, Liber sententiarum..., op. cit., pp. 1358-1359.

204 Ibid., pp. 1360-1361.

205 Ibid., pp. 1362-1363.

206 Ibid., pp. 1362-1363.

207 Ibid., pp. 1364-1365.

208 Ibid., pp. 1360-1361.
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